M. Dupont ne répond toujours pas. Et si c'était la fin du terrain ?

Le débat qui secoue le B2B en 2025.

Chaponnay (69)
16 sept. 2025
7 min
Mr-Dupond-ne-répond-toujours-pas-BIBUS-France

En 2024, notre article « M. Dupont ne répond plus au téléphone » a secoué notre communauté par son réalisme tranchant et son humour décapant, mettant en lumière les défis majeurs de la relation commerciale à l’ère digitale. Face à l’écho suscité, on a eu envie d’aller plus loin : partager notre vision, raconter ce qu’on vit au quotidien, et ouvrir le débat sur l’avenir du métier de commercial, entre terrain et digital.

Il fut un temps où le commercial terrain était roi.

Il avalait les kilomètres, collectionnait les badges visiteurs, et déployait présentation, catalogue, échantillons et poignées de mains à volonté.

Aujourd'hui ? M. Dupont ne répond plus. Et quand il décroche enfin, c'est pour dire : "Envoyez-moi un mail." Le lira-t-il ?

Sur les salons, dans nos fédérations, nos associations, nos syndicats, on se parle et souvent, on arrive au même constat récurrent !

  • Les clients n'ouvrent leurs portes que lorsqu’il y a un problème (chez eux ou chez nous 😊).
  • Les tournées génèrent moins qu'avant.
  • "Aujourd'hui, le cross-selling est mission quasi impossible."

Et du côté de M. Dupont ?

Qu'est-ce qui se passe dans sa tête quand son téléphone sonne ?

"J'ai 15 fournisseurs qui m'appellent par semaine. Je n'ai plus le temps de tous les recevoir. Si tu veux me voir, prouve-moi d'abord que tu as compris mon business."

"Je préfère comparer 5 solutions en ligne en 2 heures plutôt que de subir 5 présentations PowerPoint de 2 heures chacune."

"Quand je reçois un commercial, c'est que j'ai déjà 80% décidé. Je veux juste être rassuré sur ma décision, pas qu'on me refasse tout le catalogue."

"Les seuls commerciaux que je reçois encore sont ceux qui m'apportent une vraie expertise technique. Les autres, je les renvoie vers mon service achats."

Alors on arrête tout ? On digitalise à fond ?

On envoie nos commerciaux dans le cloud avec les brochures ?

Ou on se pose la vraie question : quel rôle doit jouer le terrain en 2025 ?

Le terrain a perdu la guerre des agendas

Depuis la crise sanitaire, la visite commerciale s'est transformée en relique. Pas par désamour. Par saturation.

Et cette tendance n'est pas en train de se calmer. Dès 2020, Gartner annonçait la couleur :

"80% des interactions B2B se feront par canaux digitaux d'ici fin 2025."

Les acheteurs ne veulent plus qu'on les sollicite. Ils veulent chercher seuls.

Comparer. Lire. Se décider.

Sans intervention humaine.

M. Dupont n'est pas devenu antisocial. Il est devenu autonome.

Il compare 15 solutions en ligne. Il préfère faire ses propres recherches plutôt que d'échanger avec un commercial.

Résultat ? Le commercial n'est plus en amont. Il est à la fin. Ou... jamais.

Le digital n’est pas doté d’intuition

Dans certains secteurs, on est passé au 100% sédentaire.

Pas parce que c'est mieux. Parce que c'est moins cher.

Et que les clients ne veulent plus qu'on passe. Encore la semaine passée, un de nos clients nous disait : "On a supprimé nos itinérants. Mais on ne vend plus rien de nouveau. On fait juste de la récurrence."

C'est là que le digital atteint sa limite : il convertit les besoins exprimés. Il ne crée pas de désir. Il ne tisse pas de lien. Il ne sent pas les signaux faibles dans une phrase échappée ou un regard fuyant.

Un chatbot peut répondre à "J'ai besoin d'un moteur 2kW". Mais il ne peut pas détecter que ce moteur est destiné à une machine clé dont la performance impactera toute une ligne de production, ni anticiper les ajustements techniques nécessaires pour optimiser l’ensemble du système.

Un email peut transmettre une information. Certes… Mais il ne peut pas lire dans les yeux de Monsieur Dupont que son directeur technique part à la retraite et qu'une réorganisation majeure se prépare…

Commercial-sur-le-terrain

Ce que le terrain fait mieux que n'importe quel funnel

Un bon commercial terrain, ce n'est pas un catalogue ambulant. C'est un détecteur de potentiel, un ‘’débloqueur’’ de projets.

  • Il identifie les contraintes techniques spécifiques à l’environnement du client et propose des solutions adaptées, même lorsque celles-ci n’ont pas été explicitement formulées.
  • Il sait lire entre les lignes lors des échanges en atelier, capter les signaux faibles liés à la maintenance, à la sécurité ou à la conformité réglementaire.
  • Il fait du cross-selling en intégrant les enjeux de production, de qualité et de délais propres à chaque client industriel.
  • Il détecte les points de friction dans la chaîne de valeur, et mobilise les ressources internes (bureau d’études, SAV, prototypage) pour lever les verrous techniques.
  • Il accompagne le client dans la définition de cahiers des charges complexes et dans la projection de ROI sur des investissements industriels.
  • Il voit ce qui semble invisible à l’œil nu : les risques de panne, les marges de manœuvre pour augmenter la cadence, ou les opportunités d’intégration de nouvelles technologies….

Bref, il découvre des besoins non formulés.

Il installe la confiance dans les moments de doute.

Il voit ce qui semble invisible à l’œil nu, parce qu'il comprend le métier du client.

Il est le partenaire de la performance industrielle, capable d’apporter des réponses concrètes là où le digital seul atteint ses limites

Et surtout, il déclenche l'action quand tout le reste stagne.

C'est un chasseur de signaux faibles. Il entend l'inquiétude dans la voix quand on évoque les délais. Il remarque le nouveau logo concurrent affiché dans l'atelier. Il comprend que "on étudie vos propositions" signifie en réalité "on attend le budget de l'année prochaine".

C'est un accélérateur de décisions. Là où l'email reste sans réponse pendant des semaines, la présence physique force la clarification. "Alors, M. Dupont, qu'est-ce qui vous empêche de signer aujourd'hui ?"

Le modèle hybride : moins de kilomètres, plus d'impact

Les entreprises qui s'en sortent le mieux ont compris une chose : il ne faut plus opposer terrain et digital, mais les orchestrer.

Chez BIBUS France, c'est devenu une conviction :

  • On forme nos commerciaux à la qualification fine.
  • On organise des tournées ciblées sur les signaux d'achat réels.
  • On active le bureau d'études, les prototypes, les démonstrations.
  • On ne vient plus "faire coucou".
  • On vient créer de la valeur sur-mesure. De la valeur augmentée.

Concrètement ? Le digital qualifie, le terrain convertit, l'hybride fidélise.

En effet, depuis longtemps - le COVID n’a pas été le seul déclencheur - nous captons parfaitement la mutation du métier de commercial itinérant, la montée en puissance du digital, mais aussi la valeur irremplaçable du terrain.

Hors de question de nous dire que « c’était mieux avant », nous assumons l’hybridation comme une force, pas comme un compromis dont il faudrait in fine nous satisfaire…

Nous croyons à la synergie et la complémentarité intelligentes des deux.

Notre site, notre chatbot, notre chaîne YouTube sont là pour informer, répondre vite, qualifier, inspirer.

Mais quand il s’agit de détecter l’inattendu, de créer du lien, d’ouvrir de nouveaux horizons, rien ne remplace la rencontre humaine, ciblée et experte.

Oui, nos clients peuvent tout faire en ligne : comparer, configurer, commander, dialoguer.

Notre présence digitale, c’est la base.

Mais notre différence, c’est que nous savons aussi quand il faut prendre la route et venir sur site pour transformer une demande en projet, et un projet en une solution fonctionnelle.

Le digital, c’est l’efficacité.

Le terrain, c’est l’intelligence de situation.

Nos commerciaux ne viennent plus « rendre visite » avec un catalogue sous le bras, ils viennent parce qu’une problématique mérite une expertise humaine.

Nos technico-commerciaux itinérants travaillent main dans la main avec nos experts sédentaires, l’administration des ventes et notre bureau d’études. Ensemble, on ne fait pas que répondre à une demande, on cherche à comprendre ce qui se cache derrière.

Avant même d’appeler M. Dupont, on analyse son environnement, ses enjeux, ses freins.

On arrive avec des questions qui bousculent, des idées concrètes, pas du blabla commercial. Parce qu’on sait que c’est ça qui fait la différence : détecter les besoins non dits, anticiper les projets, provoquer la curiosité en partageant des retours terrain, et des cas d’innovation qui font mouche.

Et quand on se déplace, ce n’est jamais pour faire un simple point, mais pour débloquer une situation, trouver une solution que personne d’autre ne peut apporter à distance.

C’est comme cela qu’on fait réagir M. Dupont : pas en attendant qu’il décroche, mais en lui montrant qu’on est là pour lui, avec toute une équipe prête à relever ses enjeux. Chez BIBUS France, personne n’est primé à remplir de la commande coûte que coûte avec des stimulations de fin d’année et des cartes cadeaux à la clé ! Nous créons des partenariats solides, basés sur la confiance et l’efficacité.

Aujourd’hui, il ne s’agit pas de renoncer à la relation humaine. La réalité actuelle est de savoir quand et comment l’activer pour créer plus de valeur.

Le commercial terrain n’est plus ni un VRP ni un avatar digital.

C’est un stratège augmenté par la technologie, capable d’apporter une expertise unique au bon moment, là où elle fait la différence.

Sources

Salesforce, State of Sales Report, 2023

Forrester, B2B Buying Preferences, 2022

Gartner, Future of B2B Sales, 2020

Cognism, The Future of Sales, 2023

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